Né en septembre 1980, Saname grandit en dehors des chemins balisés, à l’écart des lignes droites tracées par d’autres.
Écolier rêveur, souvent relégué au fond de la classe, il s’évade tôt dans deux univers qui l’ouvrent au monde : le dessin et le vélo — deux respirations, deux langages de liberté pure.
À dix ans, dans une usine désaffectée proche de chez lui, il découvre le graffiti comme on croise un éclair. Une révélation brute, visuelle, immédiate.
Ce choc esthétique le marque profondément.
Pourtant, éloigné des grandes villes et des foyers bouillonnants de la culture hip-hop, il délaisse un temps le graffiti pour tracer son propre territoire intérieur.
Il y donne vie à un imaginaire singulier, habité de figures oniriques et de formes en suspens. Ses premiers pas se font sur la toile, avant de s’aventurer dans la troisième dimension : la sculpture devient alors un terrain d’expression viscéral, instinctif, presque organique.
Avec le temps, le graffiti refait surface, enrichi de cette lente germination intérieure.
Saname, autodidacte passionné, invente une grammaire visuelle qui lui est propre.
Son point de départ ? Sa signature. Mais rapidement, elle s’efface, se transforme, se désintègre dans une abstraction spontanée, vibrante, vivante.
Formes géométriques, lignes, lettres, coulures… se rencontrent et se superposent, dans un équilibre mouvant. Les traces de son lettrage persistent, discrètes, comme des murmures qu’on devine à qui prend le temps de regarder. Chaque œuvre devient une partition silencieuse, où le geste impulse le rythme, et où la couleur joue la mélodie.
Attentif aux urgences de son époque, Saname inscrit une dimension écologique au cœur de sa pratique. Caps, bombes usagées, fragments de matériaux oubliés trouvent une seconde vie sous ses mains, transformés en œuvres uniques, dans un geste de recycl’art à la fois engagé et poétique.
Artiste discret, mais toujours en mouvement, Saname trace sa voie avec une sincérité rare — porté par une force créative en pleine ascension.
